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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 10:34

2014 / 04 / 07 - Catania

C'est donc pour de bon le premier jour à Catane. Chance : le soleil est éclatant. Tout au fond de la Via Crispi - à 30 km pour être franc, l'Etna enneigé se dresse. Le centre ploie sous les étals de tout type. Marchands d'habits, de vaisselle, de sommiers, de casseroles, de DVD piratés ( tiens, la Vie d'Adèle ! ), de chaussures et chaussettes, de robes de princesses, et cætera. Le terme de cette balade est le marché aux poissons dont parlent tous les guides et tous les récits de voyage. Quelques clichés ci-joints l'illustrent. Manquent le bruits et les odeurs. Des dizaines et dizaines d'espèces marines bronzent sous les toiles. Certains ne vendent que des anchois, d'autres que des oursins, d'autres uniquement de l'espadon. Impressionnante la découpe de l’animal ! C'est un vrai théâtre. Je croise une équipe de télévision venue de Séoul qui souhaite filmer de près un boucher au travail. Le gars, l’œil noir refuse. Il les éconduit fermement tout en continuant sa tâche la lame à la main. Je ne me suis pas permis d'immortaliser la scène. Risque de dérapage.

Place del Duomo, je me pose. Nécessaire dans ces endroits-là d'avoir un journal que l'on dispose sur les marches ou bordures avant de s'asseoir. J'y reviendrai le surlendemain. Les heures vont filer. je crois me rappeler que je retourne l'après-midi dans le centre. Faut se laisser porter... Et emporter.

On les dénomme : fragola !

Un choix appétissant.

Ouvrez les yeux ! Ouvrez les oreilles ! Ouvrez les narines !

On se croirait au casino.

Un enterrement de vie de garçons au milieu de poiscaille, ça a de l'allure !

Draguer pieds nus en robe de bure, faut le faire ! Attention à l'épectase, comme il arriva à un célèbre et médiatique cardinal français.

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22 mai 2014 4 22 /05 /mai /2014 09:11

2014 / 04 / 06 - Catania

Le bus décolle à 11 h et non à 10 comme je l'avais imaginé. Derniers pas sur le pavé d'Agrigente. Mais avec la valise à roulettes et le sac à dos, ce n'est pas de la flânerie. Seul café ouvert : le buffet de la stazione où se pressent tous les amateurs de Tac-O-Tac de la ville. Grattage, tirage, délestage.

2 h 50 de voyage, arrêt à Caltanisseta. Deux énormes bus immatriculés en Roumanie manœuvrent difficilement à l'entrée de la gare routière. Des familles en descendent pour se dégourdir les jambes. Sans doute des travailleurs saisonniers. Durant la seconde partie du voyage - ouf ! une autoroute - ce sera orangers, orangers, orangers... Toi qui boira ton jus de fruits au petit-déjeuner en terrasse l'été prochain, tu ne crieras plus contre ces gens venus de l'Est qui...

Je découvre l'espace compris entre la gare et les parkings pour bus tel que appréhendé avec Google Earth. Un véritable bazar dans lequel les piétons se faufilent entre les clous. Pas entendu un seul coup de frein. Cet endroit va devenir le centre névralgique de mes débuts de journée. Tel café est bon pour les pasticceria, tel autre vend tout type de tickets de bus, tel autre a l'exclusivité des tickets en direction de l'Etna, telle macelleria vend un excellent jambon de Parme, tel market est bien fourni en eau minérale, telle impasse sert de dortoir à la nuit tombée pour les nouveaux arrivants d'Afrique. Il y en aura sur toute la Sicile 4 000 durant la semaine - dixit la chaîne régionale.

Entre 5 et 7, j'ai le temps de flâner jusqu'à la place Bellini. Ce soir : sandwich, glace à la pistache et gâteaux secs. L'espadon, ce sera pour une autre fois.

Entre la via Branca où se trouve l'hôtel et le centre, c'est la misère de toutes les misères. Multiples échoppes transformées en lieux d'accueil où se croisent roms, érythréens et autochtones, tous les mains encombrées de cartons, valises et bouteilles d'eau, cherchant à décoder les affichettes qui informent en italien et en anglais des services proposés : repas, couchage, papiers, téléphone, et cætera... Jusqu'au centre ce sera : terrains vagues, maisons en construction ou en déconstruction, boîte aux lettres hors d'usage, scooters pétaradant ainsi que quelques chats. En bonne santé.

Digression : les " 343 salauds " qui signèrent voici quelques mois un manifeste tonitruant feraient bien d'aller flâner dans ce type d'endroit. Ils retiraient sûrement leurs paraphes.

Dès qu'on rejoint les artères principales, rassurez-vous, tout est clean. Vous avez même droit à des vigiles armés devant chaque DAB.

Bellini après la pluie...

Sur ce ticket figure le " paradigme " de la locomotive italienne. Si un lecteur en connaît le créateur qu'il le fasse savoir. Un certain nombre de ces monstres circulaient encore dans les années 90. Dès qu'on aperçoit cette silhouette en bout de quai, on n'a qu'une envie : partir !

Solution de l'énigme précédente : un trottoir rectiligne de 300 à 400 mètres, belles bordures, arbres florissants, mais impossible d'y faire deux pas à la suite. L'idée n'a pas germé : on aurait pu faire la même chose de l'autre côté. Heureusement non ! On marche donc sur cet autre côté. Certains ont dû s'enrichir au passage...

Vue prise la veille. En haut à droite, ce ne sont pas les ruines d'un temple grec. Mais un chantier en cours... Tout en bas, c'est la " belle bleue " comme on lit dans certains guides tourisitiques. Sauf que ce jour-là, elle est grisâtre, déchaînée et pas sympa pour un sou.

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17 mai 2014 6 17 /05 /mai /2014 21:16

2014 / 04 / 05 - Villaseta / Maison natale de Pirandello.

Vous aurez lu deux fois " sixième jour " dans les pages précédentes. Je ne voulais pas marquer septième ? Envie de me reposer comme dans un texte célèbre ? Bref, je reprends le rythme !

Ce samedi est le seul jour de pluie ( légère ) du voyage. Sur le parvis de la gare, les marchands africains ont troqué leurs montres contre des parapluies. Et ça a l'air de marcher. La via Atenea est déserte. Je découvre le seul vrai café de la ville, où je peux m'asseoir à une table. Un vieil homme, lunettes relevées lit à haute voix un article de sport avec une énorme loupe à un centimètre de l'orbite. Il doit s'agir de futbale - éminente passion nationale.

Ne me fiant pas à la rubrique culture du Routard, je file en bus vers Villaseta, petit bourg où se trouve la maison natale de Pirandello. Si un jour, vous voyez une affiche annonçant SIX PERSONNAGES EN QUÊTE D'AUTEUR, réservez la place et courez-y ! Même si vous vous retrouvez au poulailler ! La plus belle mise en abyme jamais réalisée en théâtre - c'est le cas de le dire.

Une longue allée de 800 mètres me mène à la demeure en question. La mer est toute proche. Les bourrasques redoublent. Sonnant à deux portes, je patiente et me rends compte que j'ai dérangé une fin de repas familial. Un visiteur un samedi d'avril ! Un français de surcroît ! Faut être fou ! On me demande 4 € et durant une heure, seul visiteur, j'ai le privilège d'arpenter la maisonnette sur deux niveaux. Manuscrits, tapuscrits, affiches, photos de famille ornent les murs. Lire l'original écrit à la plume des dernières volontés d'un Prix Nobel de Littérature ( 1934 ), c'est un moment rare. Persiennes toutes fermées, c'est dans ce lieu que le grand homme accompagnant la démence progressive de son épouse a écrit certaines des plus grandes pièces du théâtre européen.

Je ne verrai pas la tombe située quelque part sous un pin. Problème d'éboulement... On ne me dira pas arrivederci. La longue allée sera remontée. Je croiserai une voiture de carabiniers.

Il me faudra deux heures pour revenir à l'hôtel. Horaire de bus mal lu ou bien ligne défaillante ou bien c'est samedi... Je finirai par trouver il bus de la linea una !

Un vieil homme amer ( ? )

Le buste de l'auteur. Il y aura toujours maladresse à vouloir figer un personnage dans du bronze - même de bonne qualité...

Ses dernières volontés.

La petite-fille de Pirandello. Elle tenta une carrière au cinéma dans les années 50. Mais il n'y avait pas qu'elle à vouloir percer à Cinecitta.

Sans rire, courez voir la pièce ! Même en italien ! Même en serbo-croate ! Même en esperanto !

L'allée en question. Il y a quelque chose qui cloche. Facile à trouver.

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13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 10:36

2014 / 04 / 04 - Palma di Montechiaro

Un des buts de mon voyage : revoir cette cité trop vite traversée l'an dernier. Elle a inspiré Tommaso di Lampedusa pour son roman Le Guépard. Le château de la famille trône à quelques kilomètres. On ne le visite pas.

Attendant l'heure du déjeuner, je flâne dans la ville, m'attarde aux carrefours, pénètre dans un bel édifice baroque. Je cherche vainement une place qui m'avait intrigué. Quelques marchands vendaient à même le sol des batteries de voitures, des perceuses, des serviettes de bain, des albums de coloriage. Sans doute un marché de voleurs. Cette année, introuvable. A-t-il été déplacé ? Interdit ? Rançonné ?

Le risotto à la pistache, l'espadon à la sicilienne, le tiramisu maison se révèlent sublimes. Cravaté, bien peigné, soucieux de la clientèle, le serveur, fils du patron, m'explique qu'il a fait ses classes en Belgique - contrée de fines gueules pour ce que j'en sais.

Quelques cris de collégiens annoncent le début de l'après-midi. Odeurs de gas-oil, poussière de chantier, rafales de vent, volets mal ajustés, c'est bien le sud, la misère au soleil comme chantait l'autre.

A mon retour, près de la gare d'Agrigente, un livreur me demande son chemin. No possibile ! Satisfaction : je suis devenu sicilien... C'est vrai que j'ai troqué mon sac à dos contre une poche de supermarché et mon chapeau à larges bords contre une casquette. Me manque encore la géographie des lieux.

Faute de crédit, un instituteur s'est essayé à la peinture d'enseigne. Supposition.

Carrefour classé. Le bonhomme va se retourner dans deux secondes et me dire - il me semble : " C'est par là-bas qu'il faut faire des photos ! ". Geste à l'appui.

Contaste avec le cliché précédent.

Le château de Lampedusa. Si j'ai bien compris.

Plaque honorifique. Mais quand on lit la presse, on constate qu'il n'y a pas un seul jour sans hod-up ou incendie criminel ou arrestation.

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11 mai 2014 7 11 /05 /mai /2014 09:54

2014 / 04 / 03 - Agrigento

Ce sera une journée de farniente. Flânerie via Pirandello que la via Atenea prolonge. De belles boutiques, quelques marchands ambulants ainsi que la litanie " Money, money " réclamé(e) par une jeune... mendiante. Le gobelet est vide. Au retour, ce n'est pas mieux.

Voyons si là-haut la cathédrale en travaux l'an dernier a été ré-ouverte. Ruelles, venelles s'enchaînent. Vague odeur d'eaux usées. Je me demande comment tout cela fonctionne et s'écoule... Tout au sommet de la butte, la cathédrale est... fermée. Comme souvent en Europe, de beaux et grands panneaux expliquent et détaillent le calendrier des rénovations projetées, le coût, les partenaires - l'inévitable Consiglio di Europa ! L'ensemble est peu lisible. Un palimpseste de tags recouvre les bonnes intentions bruxelloises .

J'entre dans une librairie dont le patron - yeux fixés sur un écran - bredouille un buon giorno détaché. Un grazie dépressif s'évapore à la sortie. M'étonnerait que l'an prochain son commerce soit toujours ouvert. Pays de lettrés et de grands littérateurs ( Di Lampedusa, Pirandello, Sciascia ) , le paquebot Sicile semble avoir largué les amarres de la culture. A la Bibliothèque Municipale, où je suis accueilli par trois personnes, je cherche en vain un quotidien français - même vieux de deux jours. No possibile ! La Repubblica trône : c'est le numéro de la veille. Vers 11 heures, un livreur de café et de pasticceria déboule dans le hall. Suspension des activités...

Après un repas plutôt sympathique, suivi d'un moment de repos - obligatoire en cette contrée, retour dans la rue. Visite à la gare des fois que mon futur déplacement jusqu'à Catane se révélerait intéressant par voie ferroviaire. Bel édifice. Automate hyper-sympa, bien mieux que ceux de la SNCF. Le problème, c'est le temps de trajet. Environ 6 heures. Je verrai un soir à la télévision régionale un reportage ironique précisément axé sur cette ligne. Le voyage du reporter commencé sous le soleil s'achève à la nuit tombée. Dans un wagon vide.

En fin de journée, c'est un régal de voir tout près de la mer le Temple de la Concorde éclairé de derniers rayons. Penser qu'il y a 2 500 ans, 300 000 personnes vivaient tout autour. Nouvelle Athènes l'avait-on surnommée. " La plus belle des villes mortelles " dixit Pindare. 55 000 habitants au dernier recensement.

Je traduirai : " Ne pas toucher cette portée " . Il y a un jeu de mots doublé d'une signification cachée. L'italien est une langue redoutable. Gare aux faux-amis et à l'accent tonique.

Le Temple de la Concorde zoomé à bloc. Visité l'an dernier. Je n'y reviendrai pas cette fois-ci, mais allez-y ! Allez-y avant d'aller à Prague, Budapest ou Cracovie ! La ville grecque était située entre la mer et la ville actuelle.

Bibliothèque Municipale. Malheur au prolétaire qui voudrait aller retirer des ouvrages un samedi ! Les économies budgétaires développent l'inculture.

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9 mai 2014 5 09 /05 /mai /2014 07:37

2014 / 04 / 02 - Enna / Agrigento

Un dernier aller-retour à pied via Roma. Un p'tit espresso. Journée radieuse. Devant l'Hôtel de Région, je remarque quelques carabiniers ainsi qu'un groupe de manifestants. Mon ADN m'attire vers l'événement. Il s'agit de travailleurs forestiers qui revendiquent dignité, respect des horaires et plus. Quelques mètres en-dessous de l'inscription dont je vous ai parlé hier : " Regnando Vitt.Emanuele III, Re d'Italia e d'Albania, Imperatore d'Ettopia. Benito Mussolini, Duce del Fascismo, Fondatore dell'Impero, A-XIX-EF".

Il n'est pas besoin de traduire. Seule la dernière inscription reste énigmatique. Il me revient qu'en 1978, un ami calabrais me montra au fin fond d'un village montagnard une peinture au pochoir représentant de profil le Benito en question. Plus près de nous ( en 2013 ), j'ai vu mis en vente à Taormina des tee-shirts reproduisant le même profil. J'ignore s'ils étaient Made in China. Entre dictatures d'antan et de maintenant, il n'y qu'un pas.

Le voyage dure plus de deux heures. Changement à Caltanisseta. Comme partout dans les gares routières, des anciens, des touristes, des lycéens. Je remarque que ceux-ci sont loin de tous disposer d'I-Phone. La plupart rigolent et chahutent. J'approuve.

Pour une fois, le chauffeur est obligé de ralentir. Nous allons de chantiers en chantiers. Ponts en construction, rocades en cours, poussière, bandes jaunes. Tout ne va pas si mal. Sans doute, une autoroute en construction.

Vers 14 heures, je retrouve l'hôtel Amici à deux pas de la gare ferroviaire. Je vous en parlerai plus tard. Le passagiamento est assez clairsemé, les marchands africains sont toujours là, fidèles. Il monte une brume marine pas très sympathique.

Tout en grignotant, je zappe de chaines en chaînes. France TV Monde, France 24 sont aux abonnés absents. Je vais de la RAI 1 à la RAI 3 en passant par Mediaset. Journaux d'information avec bandeaux passants permanents. Qu'en retenir ? Oscar Pistorius ( voir les pages faits divers et / ou sports ) arrive premier au hit-parade. On l'entend pleurer sur le malheureux concours de circonstances qui l'a poussé à tirer 4 balles à travers la porte des toilettes. En deuxième position : Matteo Renzi, le Manuel Valls outre-alpin. Un hyperactif qui vient d’évincer son mentor du poste de président du conseil, veut supprimer le Sénat, va voir en catimini le pape François, donne des interviewes dans la rue tant il est pressé. Médaille de bronze : un obscur maffioso de Catane qui n'a rien trouvé de mieux que de reconstituer dans son jardin la villa du Parrain, cela sans permis de construire.

Ici, on ne dit pas : " Gazie ", mais " Gracias " . Souvenir de l'occupation castillane sans doute.

Je répare un oubli ! Petite carte en relief.

La télé en question. Eteinte. Lassant d'entendre et voir les mêmes sérénades. Une petite nouvelle de Pirandello est préférable.

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6 mai 2014 2 06 /05 /mai /2014 08:41

2014 - 04 - 01 / Calascibetta / Enna

Montée vers Calascibetta, jadis place-forte tenue par les Maures. Scolaires, grand-mères, jeunes couples s'entassent dans le bus. Arrivé sur le coup de midi, je constate vite que cette cité tout en pierres a déjà commencé à emmagasiner les degrés.

Rues désertes, quelques volets ouverts. Nombre d'églises fermées incalculable. Tout en haut le panorama est paisible. Enna juste en face domine en altitude - de quelques mètres. Je ne suis plus sur une île. La Sicile est un vrai continent - de taille modeste certes, mais elle en a toutes les caractéristiques : mers, collines, plaines, plateaux, sommets élevés, histoire périlleuse.

Après avoir erré une bonne heure, je m'installe à l'ombre d'une terrasse. Sandwiches, Giornale de Sicilia, nouvelles de Pirandello. Les minutes s'écoulent paresseusement. En sortant, un consommateur me lance : " German ? ". La conversation s'engage : je leur parle de Pau, de Paris - Pariggi en italien, d'Henri IV et de Lourdes. Mon interlocuteur et ses potes qui ont tendu l'oreille connaissent le chef-lieu de canton haut-pyrénéen. L'un a travaillé en Moselle, un autre en Belgique, un autre en Allemagne. Et ils sont revenus au pays natal. Comme Du Bellay en son temps. Mais en sens inverse.

En fin de journée, le passagiamento d'Enna a pris une couleur politico-commémorative. Sur la place centrale, la caravane du groupe 5-Stelle - mouvement populiste dirigé par un " comique " genre Lagaffe/Bigard/Sébastien crédité de 23 % des voix pour les élections européennes à venir. Nom : Grillo. Prénom : Beppe. La caravane, qu'est-ce que c'est ? Une fille et son père, lui caméscope en main, abordent les passants et leur demandent de simuler une danse gestuelle et joyeuse qui finit par un Aaaaaah ! bras en l'air. Voilà le programme. A l'écart, deux cravatés semblent être les responsables. Commerçants ? Notaires ? Fonctionnaires ? Eux sont exemptés de tout dandinement...

Sur le belvédère, une messe ! Un vrai prêtre, des chants, des stands, des poussettes, des canettes, des habits bariolés. Moyenne d'âge : 25 ans. Cette joyeuse troupe honore Ivan Polizzoto dont je vous ai parlé hier. Sans doute un chanteur-compositeur décédé très jeune. Un tableau maladroitement peint est installé en arrière. Il y a un vrai autel, un vrai ciboire. Un épître des Corinthiens est lu. Des marmots tout en pulls dorment dans les bras de leurs mères. Il fait + 8 °. Des cubitainers de rosé sont alignés sagement. Des panaches de haschich sont chassées par le vent du soir. Allitération hasardeuse...

Plus tard, je me régale au Resto Central d'un plat excellentissime : cavatelli à la siciliana ( plat de féculents parfumés aux herbes - pas celles de tout à l'heure ). Je suis le seul client dans une salle de 80 couverts, plafond à 4 mètres. Vitrines emplies de vaisselle, de bouteilles, de flacons. Me voilà revenu à l'ère de Pirandello.

Remontant la place - la nuit est tombée - je croise les causeurs de 5-Stelle qui plient le chapiteau. Plus loin, les cithares, les bandonéons ont pris le pas sur les prières.

J'oubliais, la ricota de tout à l'heure était cremosa...

Calascibetta vue d'Enna vers 10 heures. Avant mon assaut en bus !

Le moutonnement tranquille du paysage.

La place centrale de Calascibetta. Les trois grands-pères remontent pour leur sieste. Là-bas, les hommes se tiennent amicalement par l'épaule. Ils enveloppent. Ils se touchent.

L'office in memoriam Ivan Polizotto. Plus tard, je croiserai le prêtre parti boire l'apéro - dans un lieu plus chic. Non mais...

Campagne électorale du mouvement 5-Stelle : on règle le diaphragme avant la danse effrénée

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4 mai 2014 7 04 /05 /mai /2014 12:57

2014 - 03 - 31 / Enna

Aujourd'hui ce sera Enna, rien qu'Enna. 29 000 habitants, mais capitale régionale, cité universitaire et nœud de communications importants. Imaginons Oloron Sainte-Marie, mâtinée d'un soupçon bordelais avec l'agitation du poste frontière d'Hendaye.

Je visiterai trois sites. Voir les détails sur le Net : cathédrale, la Tour des Lombards ainsi que celle de Frédéric II. Mais je fais le choix de vous parler plutôt de personnes.

Office de Tourisme : 4 personnes dans 50 mètres carrées. Étagères, présentoirs, dépliants, ordinateurs, tables multiples. Un vrai fouillis très sympathique. La responsable parle français. Ouf ! Et elle va me vanter le charme suranné de la cité, contente de voir qu'on vient de si loin pour la visiter. J'en repartirai chargés de docs aux formats multiples et incommodes.

Avant d'aborder la Tour des Lombards, un espresso : 2,50 cl de bonheur ! Hyper-parfumé, crémeux. Alterner la dégustation avec une mini-gorgée d'eau. Le tout pour 80 centimes d'€uro. Un hôtelier de Cefalù, croisé l'an dernier ma confié, croquis à l'appui, la définition du café italien : les 3 M. La mouture, la machine, la manière...

La Tour des Lombards : vaste, massive, déserte. Visite gratuite. Je suis accueilli par un employé de la ville qui parle un français scolaire et tortueux. Au vu de quelques gestes auto-réprimés, je pense qu'il souffre d'une pathologie semi-invalidante. La visite va être courte. Beaucoup de lieux sont inaccessibles. Aucun accès possible aux remparts. La tour fermée à double-tour. A la fin, il me propose de faire une photo - et il la loupe : j'ai les pieds coupés. Derniers propos au sujet de la catastrophique politique de Berlusconi. Il me dit que c'est l'heure du café. Moi, pas malin, je pense avoir de la monnaie pour le remercier . Mais, la plus petite somme qui émerge est un billet de 5 €. Je le lui donne et lui glisse : " En plus du café, vous aurez une pasticceria ! ". Ce qui est fait est fait.

Arrêt au Musée d'Archéologie. Gratuit. Normal car il est en réfection. En défection, plutôt ! Pièces grecques et romaines remarquables, vitrines encrassées. Dans une pièce, un ordi allumé. Personne ne salue - c'est rare dans ce pays. Je pense qu'un jour, ces musées seront muséifiés. Et on expliquera à des scolaires - s'il en reste - qu'en des temps reculés, des touristes se rendaient en masse dans ces lieux en s'émerveillant devant des poteries et des bronzes, eux-mêmes ( les scolaires ) s'émerveillant devant des vitrines quasiment vides, des Apple éteints, des dépliants en papier ( ! ) et des millimètres de poussière pieusement conservée sous emballage.

L'après-midi, je me rends au faîte de la ville : la Tour de Frédéric II. Rafales de vent au sommet . Nulle âme rencontrée. Si ! J'allais oublier le gardien qui dormait dans son cabanon. J'ai eu la fâcheuse idée de le réveiller en toquant à la porte. D'un geste, il m'a indiqué le chemin...

Vu tout près une pièce archéologique in situ : une borne qui indique le centre géographique de la Sicile. Élevée par des mathématiciens arabes avant d'être chassés de l'île - dit la légende. A quelques pas de là, un ballet discret de Lancia, d'Alfa Romeo, d'Audi. Des gars de 30 à 40 ans qui discutent, téléphonent, regardent vers l'horizon.

Le passagiamento est singulier ce soir. Sur le belvédère, se sont regroupées une trentaine de personnes qui honoreront le lendemain - c'est imprimé en grand sur une banderole - un certain Ivan Polizzoto décédé le 1° avril 2010. J'en reparlerai.

Avant de clôturer, j'évoquerai le marchand de journaux qui me parle aussi sec de Hollande quand il a compris que je suis français. Les municipales, la montée du FN, Valls qui pointe son nez ! Je lui donnerais bien le droit de vote !

Avant-dernière nuit à Enna.

Moi-même aux pieds fauchés.

Zoomez vers la gauche ! Le centre géographique de la Sicile a été conservé. Une croix de vistoire a quand même été élévée

Vue générale d'Enna. Loin des bruits de la circulation.

La une de la Repubblica : Hidalgo en vedette ! Le kiosquier était stupéfait de voir qu'en France, des rejetons de l'immigration - toutes femmes ! - parvenaient à accéder à de hautes responsabilités : Hidalgo donc, Filipetti, Najaud-Belkacem !

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2 mai 2014 5 02 /05 /mai /2014 10:11

2014 - 03 - 30 / Piazza Armerina / Villa del Casale

Quelqu'un a chanté la tristesse des dimanches... Urgence : bien l'occuper ! Je file à la gare routière, repère le bus pour Piazza Armerina, patiente devant un café clos et sur le coup de 11 h, me voilà dans un bus de la SAIS.

La route tournicote. Arrivé à Piazza Armerina, plus déserte qu'Enna, je me rends vite compte que la ligne privée qui mène de la ville au site - classé par l'UNESCO - de Villa del Casale - sera opérationnelle à partir du 1° ... mai.

Heureusement, je croise la route de Guiseppe. Plutôt, c'est lui qui m'aborde. Que peut faire un chauffeur de taxi au fin fond de la Sicile pour arrondir ses fins de mois ? Vous proposer une course payable en liquide et sans reçu. Il me propose un aller et retour pour 20 € ; après de courtes palabres plus gestuelles que vocales, nous convenons que ce sera 15. Tope là ! On part sur-le-champ. Il reviendra me chercher à 14 h 30 et me déposera au centre de Piazza. Il est content. Je suis content. Deux heureux en ce bas monde !

On se rapportera au Michelin et au Routard pour apprécier la beauté de la villa romaine : 3 500 mètres carrées de mosaïque. Scènes de chasse, de jeux, de bains et autres. photos interdites.

A la sortie, un vendeur ambulant sri-lankais s'installe avec une table de camping et un parasol. Produits proposés : des guides écornés, des cartes postales défraîchies et des foulards.

Après avoir payé finalement 20 € à Guiseppe, j'arpente le parvis devant la cathédrale. Une famille de belges surgit et me demande s'il s'agit bien du Duomo. Ben oui, ça se voit. Je me permets de les éclairer : duomo indique un dôme ou une cathédrale.

Je retourne vers mon campement en faisant une courte halte nécessaire à Enna Bassa. Elle est inévitable à cette heure-là. Mini-bus sonore et brinquebalant vers la haute ville en passant deux fois par l'hôpital. Je peux confirmer: 25 minutes. Un trio de seniors anime la communauté : exclamations, rires, soupirs. Le plus volubile est aveugle. Un vrai comédien à la voix rauque façon sur les docks. C'est quelqu'un qui a beaucoup fumé. Petite digression : les Siciliennes et les Siciliens consomment énormément de nicotine. Une rue : un bureau de tabac. Un interstice entre deux pavés : un mégot, au moins...

Ce soir, il fait 12 °; Il y a du vent. On doit tomer à 9.

Ville miniature : le cimetière d'Enna. Hatmonie architecturale avec la ville. Vous pourrez comparer.

Le dôme du Duomo de Piazza Armerina.

Plaque en l'honneur d'un combattant de la Mafia exécué en 1979.

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30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 13:00

2014 - 03 - 29 / Samedi / Catane - Enna

Arrivée à l'aéroport. Vite trouver le bus rouge de la SAIS qui m'amènera à Enna. Je repère le cabanon où les tickets sont vendus. Prix très modique.

Étudiants branchés, seniors, touristes s'installent. La conduite du chauffeur est rapide, la radio sirupeuse, le paysage monotone. Mais ça ne dure pas.

Enna s'annonce. Ne pas confondre Enna Bassa - station routière et ferroviaire très active - dans la vallée - et Enna Città somptueuse au sommet d'un éperon rocheux à 900 mètres . Seulement 5 kilomètres entre les deux, mais 20 minutes pour les relier.

La gare routière est déserte. Les boutiques toutes fermées - et depuis longtemps vu l'état des huisseries et des rideaux branlants. Se poser au B & B. Mon plan Google Maps se révèle foireux. Heureusement le souvenir qu'il est situé vers la Piazza centrale m'aide à ne pas partir dans un sens opposé. La bâtisse date du 14 ou 15 ° siècle. Des murs de 1,50 mètre, montée, descente. Chambre moyenne; la ville a peu d'hébergements. Bien content de l'avoir réservé.

En fin d'après-midi, je découvre la Piazza Centrale. Passagiamento clairsemé. Il doit faire 10° degrés au plus. A l'entrée d'une église, une fillette me propose un prospectus explicatif. Le père handicapé est assis à 10 mètres. Buon giorno, grazie, prego... Je glisse une pièce dans le tronc. Des remerciements sans fin. Je reparlerai de la problématique des pourboires.

Vers 19 heures, la nuit envahit les ruelles. Je trouve une gargote remarquable. Je suis le seul client. Pour 17 €, j'ai droit à un semblant de repas réchauffé. La patronne, muette, équeute du fenouil. Des clients viennent s'approvisionner en vin - violacé et redoutable... J'en boirai une gorgée. Le lieu est remarquable ai-je dit plus haut. Car pour me servir, le patron - pas très grand - dépose l'assiette sur le comptoir, passe de la cuisine en contrebas à la salle par une ouverture astucieusement découpée dans le comptoir en question. Troubles musculo-squelettiques en vue. Mais il a passé l'âge. Vaillant et souriant. Je ne verrai qu'un autre amphitryon sur le coup de 20 h 30.

A la télévision, du foot ou une série genre novella brésilienne. Je n'ai pas suivi.

Le repos s'annonce.

L'église visitée dont le nom m'a échappé. Mais non le souvenir de cette fillette et de son père. On n'imagine pas comme nous sommes heureux sous nos latitudes.

Le passagiamento ( on dit paseo en espagnol ) est ce moment singulier et gratuit durant lequel, on va, on vient, on cherche à qui causer. On a le droit de parler fort. Les vieux mettent la cravate et parlent souvent politique. Les femmes s'habillent chic. De 17 h eures à 20 heures. De 7 à 77 ans. Quelque chose qui n'existe pas par chez nous. Hélas !

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